Re(PAS) de Chasse (Ecriture en cours)

NOTE D’INTENTION

C’est la présence d’un fusil de chasse suspendu par des pieds de biches empaillées dans le couloir menant aux chambres de la maison familiale.
C’est ce même fusil pointé sur une mère et un enfant par un père le chasseur qui nous menace avec cette phrase : « si tu continues à l’élever comme ça, tu vas en faire un PD ».
C’est l’équipage de chasse du village qui « décharge » un homme, mon père, de la remorque à gibier, dans la cour, ivre mort et lui fourre un lièvre dans sa besace pour qu’il ne ramène pas qu’une simple cuite de la chasse.
C’est un chevreuil blessé qui vient s’effondrer dans le jardin juste en dessous de la fenêtre de ma chambre, j’ai vu son âme s’envoler dans son dernier souffle.
C’est le sacrosaint civet de chevreuil à tous les Noël.
Ce sont les pattes de sangliers et mâchoires de brochets sur la porte de la grange d’une amie à ma grand-mère.
Ce sont les trophées empaillés (tête de biches, têtes de sangliers, renards) dans la salle à manger de la maison de ma nourrice.
Plus tard ce sera mon voisin chasseur dans l’Auxois en Bourgogne qui me demandera de bien réfléchir au mieux être animal en opposant la viande industrielle qui se trouve dans mon réfrigérateur et de sa viande sauvage zéro empreinte carbonne, à lui qu’il voit grandir et fouler les bois et prairie de sa vallée.
C’est une invitation à un repas de chasse que je relève et où en quelques minutes tout le monde est fin bourré et rivalise de propos misogynes et racistes (en fin d’après-midi, un jeune chasseur dit à la petite amie d’un de ses copains de chasse : « eh, toi, je vais te dire : j’aime tes grosses cuisses, j’aime tes gros seins, j’aime ta grosse chatte ! » tout en la tripotant.
Ce sont mes chats qui me rapportent souris, mulots, musaraignes et quelques oiseaux.
C’est encore un chasseur, pompier à la retraite dans le beaujolais au cours d’un repas de famille qui se lève de table et qui annonce : « moi, des bougnoules, tu m’en mets une vingtaine devant moi et je les dégomme tous avec mon fusil ».
C’est une rencontre hallucinante sur un festival rural où l’on jouait Un miracle dans la fosse. Le jeune
homme exposait des photos d’animaux qu’il prenait avec un appareil mis au bout de son fusil juste
avant d’appuyer sur la gâchette.
C’est le souvenir inoubliable d’une portion délicieuse de hure dégustée en pleine forêt avec un ami vigneron (accompagnée d’un aligoté de Pernand Vergellesses ; sublime ; juste avant ma conversion en végétarien).
C’est la peur de mes enfants quand retentissent, le dimanche, des coups de feu dans la vallée où nous habitons.
Ce sont tous ces « souvenirs » de vie qui m’emmène à vouloir aborder le sujet de la chasse dans un spectacle et ainsi lancer la compagnie dans une nouvelles séries de jouets théâtraux ayant pour thématique générale « La France d’à côté de la France ».